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L'origine de cette expression est comme le «loft», New Yorkaise, elle traduisait une certaine nouveauté sociologique des années 90 et peut être aussi une certaine mode. Le bourgeois bohème est avant tout un bourgeois, quelqu'un qui gagne beaucoup. Le coté bohème est le qualificatif qui a été ajouté pour signifier que les riches ne sont plus ce qu'ils étaient. Ils n'habitent plus les riches appartements de la 5ème avenue mais vont plutôt s'installer dans des espaces plus grands vers Harlem où sur Fashion avenue (évidement moins risqué). Ils ne vont pas aux Bahamas pour les vacances mais vont à la rencontre des gens en Asie, en Europe. Ils montrent qu'ils prennent conscience du monde qui les entoure. Ils consomment bio et achètent des produits de l'artisanat du bout du monde. Ils prennent les transports en commun par souci écologique. Ils investissent dans des placements éthiques et ne rechignent pas à payer des impôts (quoi que...). Cette présentation théorique est surtout un état d'esprit qu'un mode de vie puisque le bobo type ne doit pas vraiment exister. Certains dépensent une fortune pour ne pas manger des burgers mais pas chez Mac-do tout en portant des chaussures à la mode cousues par des fillettes aux Philippines. Je ne sais plus qui résumait que le bobo était un individu qui vivait à droite et pensait à gauche. On ne s'étonnera pas de voir que cette mode vient de New York.

À Paris, on peut constater aussi cette évolution, de plus en plus de boutiques bio, des pubs pour des placements étiques, des classes moyennes qui s'installent dans des quartiers populaires parce que l'adresse n'est plus une référence comme elle l'était chez nos parents (et que les prix sont tellement élevés dans les quartiers bourgeois ), des jeunes branchés qui dépensent des fortunes en sapes vintage pour soigner leur look négligé, des produits étiques dans de plus en plus de rayons chez monoprix, des soirées branchées dans des bar qui n'ont pas changé de déco depuis 1978. Tout ça me semble être de l'esprit bobo et curieusement, (vraisemblablement parce que les modes passent et qu'il est bon de décrier ce qui était adulé hier) tout le monde se défend d'être bobo. Comme si être bobo était comme être beauf, le bobo, c'est toujours l'autre mais en fait on l'est tous un peu. La seul différence avec le beauf, c'est que pour être bobo, il faut avant tout être riche, mais tout cela est bien relatif.

Après m'être fait traiter de bourgeois parce que je venais d'acheter un appartement à Paris alors que les prix de l'immobilier sont au plus haut, me voici à vivre la bohème en apportant mon sac chaque soir chez un(e) hôte différent(e). Cela fait maintenant un mois que j'accepte d'être invité chez les amis à condition de pouvoir rester la nuit, que j'apporte un sac de rechange au boulot pour pouvoir repartir ailleurs le soir suivant et que j'oublie brosse-à-dents, pantoufles et autres sous-vêtements d'une chambre à l'autre, du canapé au lit et du lit au lit, en expliquant que bientôt la peinture serait finie dans mon bel appart.

Aujourd'hui, contrairement à ce que j'annonçais il y a à peine quelques jours, la peinture n'est pas terminée et j'en ai encore pour plusieurs jours à jouer le bourgeois-bohème.